Endométriose, troubles hormonaux : cause émotionnelle ?
Je vais avoir 29 ans.
L’âge où les ventres de vos amies, connaissances, collègues, s’arrondissent.
L’âge où la pression sociale devient de plus en plus forte. “Et toi, c’est pour quand ?” “Tu ne voudrais pas t’y mettre avant d’être trop vieille ?” “Ah tiens, tu as pris du ventre, tu nous caches quelque chose ?”
Il y a l’attente de la famille, l’attente des amis, l’attente des collègues. Tout le monde vous conditionne, inconsciemment ou non.
Ces questions me bousculent de plus en plus. D’ailleurs, j’arrive de moins en moins à le cacher. J’ai longtemps eu un sourire accroché à mon visage, j’ai longtemps répondu “Et toi ?” à vos “Comment tu vas”, pour éviter de répondre et de mentir, pour me cacher et vous laisser la place que je pense ne pas mériter.
Depuis longtemps, j’ai cette intuition en moi que je ne suis pas faite pour être mère. C’est une voix dans ma tête qui me dit que ce n’est pas pour moi, que je ne sais pas m’occuper de moi-même et que je ne pourrais pas m’occuper de quelqu’un d’autre. C’est une autre voix qui me dit qu’une grossesse se passerait mal, qu’un accouchement serait insupportable et que je ne m’en sortirai pas.
Alors toutes ces années, l’envie d’avoir un enfant n’existait pas. Je l’ai souvent répété, intimement convaincue que c’était ma volonté, que je faisais partie de ces personnes qui n’en veulent pas et l’assument totalement.
Aujourd’hui, après bien des réflexions, je sais que mon mental a érigé une immense barrière de protection. Mon cerveau a cherché à me protéger, d’abord parce que je n’étais pas dans la bonne relation amoureuse. Ensuite parce que mon corps n’était pas prêt.
Il était plus facile de me dire que je ne voulais pas, plutôt que je ne pouvais peut-être pas. Parce que vous êtes maîtres de vos envies. Mais lorsque le corps ne suit pas, lorsque la machine déraille, vous ne contrôlez plus rien. Vous entrez dans une zone d’insécurité, de peurs et d’incertitudes.
Et l’obsédée du contrôle que je suis ne supporte pas cette idée.
J’ai finalement bien l’impression que mon cerveau a baissé sa garde et quitté son poste de défense. Je pense qu’il est rattrapé par cette fameuse horloge biologique. Pourtant, la machine a l’air toujours déréglée.
Aujourd’hui, j’attends qu’on confirme ce diagnostic d’endométriose. Et pendant qu’on se concentre sur ce qui physiquement ne va pas, tout le monde a oublié ce qui n’allait pas émotionnellement. C’est ma vision des choses, et elle n’engage que moi. Il y a pour un moi un lien très évident entre le mental, les émotions, et le corps.
Cette relation est facile à comprendre et à accepter quand on pense au stress. On sait qu’il se manifeste physiquement, souvent au niveau de l’estomac, ou des intestins.
Historiquement, le corps est fait pour se mettre en mode survie. En situation de stress, le cerveau envoie au corps des messages pour passer en mode protection et s’adapter à la situation. Il a été montré d’ailleurs l’impact des émotions dans le cerveau : chaque émotion y laisse une empreinte précise.
Lise Bourbeau, dans Ton Corps dit : Aime-toi ! explique d’ailleurs que :
« Le plus grand blocage émotionnel de cette maladie -l’endométriose donc- est de ne pas pouvoir enfant. Le fait d’en souffrir est indicatif que tu es du genre à vouloir tout diriger pour te donner l’impression d’enfanter dans d’autres domaines. (…) Le message que tu reçois avec cette maladie est de réaliser que la croyance qui t’habite, voulant que tout accouchement soit nécessairement laborieux et dangereux, est assez forte pour créer un obstacle physique, t’empêchant de devenir enceinte« .
Au sujet des saignements, elle explique que :
« Le sang représente l’amour de la vie, donc la joie de vivre. Lorsque tu perds du sang, ton corps t’indique qu’une attitude intérieure bloque ta joie de vivre en ce moment. (…) Tu te retiens surtout de montrer ta lassitude morale et ton angoisse. Ayant atteint ta limite et ne pouvant plus te retenir, tu cèdes soudainement« .
On pourrait dire que je cherche trop compliqué, qu’il y a des tonnes d’explications plus rationnelles que celle-ci. Il y a quelques années, je me serai même braquée, en me disant qu’encore une fois, on cherchait à dire que tout était dans ma tête. Mais à partir du moment où on se sent seul dans notre souffrance, oublié du monde médical, livré à nous-mêmes pour tenter de guérir, on en vient à s’ouvrir à beaucoup d’explications et d’hypothèses.
Cette question de la cause émotionnelle a également été soulevée par une psychologue que j’ai vu. Pour elle, mes saignements viennent d’un fort sentiment de culpabilité sur lequel je dois encore travailler. Cette question est aussi soulevée par une coach de vie que je suis depuis quelques mois. Ce n’est donc pas anodin, cela mérite que je m’y attarde et cela ne change pas le fait que je continue à essayer de trouver une solution avec le corps médical.
L’un n’empêche pas l’autre, et encore une fois : il faut traiter le problème de manière holistique et global.
Alors quelles sont les clés ?
- Prendre conscience de cette cause émotionnelle
- L’accepter entièrement
- Se libérer de cette croyance émotionnelle
- Reprogrammer une nouvelle croyance
J’en suis pour l’instant au début de la deuxième étape. Et j’avoue qu’elle n’est pas simple : je suis pleine de résistance, dans la colère et dans l’injustice. Ce sont deux émotions qui m’accompagnent souvent et qui évidemment ont besoin de se manifester maintenant. Mais j’en ai conscience et je travaille chaque jour dessus.
Ce n’est pas une solution miracle, et ce n’est pas une promesse de guérison. Mais c’est une étape sur laquelle j’ai décidé de m’attarder. Cela m’aide à attendre les prochains rendez-vous médicaux. Cela me donne l’impression d’avoir les choses en main et de tout faire pour avancer. Cela ne va pas dans l’idée d’arrêter de vouloir tout comprendre mais je sens que j’ai besoin de creuser, que j’ai besoin d’étaler toutes les possibilités devant moi, pour pouvoir prendre de la hauteur et lâcher prise par la suite.